Services de renseignements : les Etats Unis admettent leur retard sur la Chine

 

La commission chargée d’évaluer les activités des services de renseignements américains considère que ceux-ci ne font plus le poids face à leurs homologues chinois. Comme principale raison, elle avance les moyens financiers conséquents consacrés au seul Moyen-Orient.

D’après une enquête menée pendant deux par la House Intelligence Committee, une commission permanente du congrès américain au sein de laquelle siège des élus démocrates et républicains, les services de renseignements américains ne font plus le poids face à leurs homologues chinois. Cette commission, qui se charge principalement de surveiller les activités de certaines agences comme la CIA et la NSA, considère que les services de renseignement de l’Empire du milieu dépassent largement ceux des Etats Unis sur de nombreux plans : stratégiques, politiques, militaires, etc.

Pékin sur tous les fronts de l’espionnage

Pour la commission, ce recul des agences américaines s’explique par une erreur stratégique commise après les attentats du 11 septembre. En effet, les Etats Unis avaient décidé de réorienter tous leurs moyens contre le terrorisme et les interventions militaires au Moyen-Orient. Un changement de paradigme qui a profité à la Chine car elle a renforcé l’activité et les moyens de ses services de renseignements dans le monde entier, évitant de se focaliser sur une seule partie du globe.

Selon le rapport de la House Intelligence Committee, les agents chinois sont devenus des experts en espionnage industriel. Ils se démarquent également dans le domaine de la cybersécurité où ils peuvent lancer des attaques massives contre les systèmes informatiques d’un État. Par ailleurs, Pékin utilise le commerce prédateur, les méthodes de prêt et les opérations d’infiltration insensible pour asseoir sa puissance partout dans le monde.

« Nous avons encore le temps de nous adapter et de lancer des réformes »

La commission estime que cette avancée de la République populaire de Chine représente une menace pour les intérêts américains dans plusieurs régions stratégiques, notamment en Asie. Ses membres recommandent donc au plus vite la formation des analystes et des espions spécialisés dans les affaires chinoises pour « aider les dirigeants américains à reprendre la main sur l’échiquier mondial ». « Les enjeux sont énormes et pour l’instant nous sommes incapables de comprendre et de prédire les intentions de Pékin. Une incompréhension qui aura de graves conséquences pour les États-Unis », avertit Adam Schiff, président de la House Intelligence Committee. « Nous avons encore le temps de nous adapter et de lancer des réformes pour améliorer et repenser nos services de renseignement », a-t-il ajouté.

Les membres de la commission appellent par ailleurs la CIA à avoir une posture plus agressive envers la Chine afin de mieux protéger les entreprises américaines de l’espionnage industriel, notamment dans l’univers de la tech. La célèbre agence américaine devrait également s’inquiéter de la possible influence exercée par Pékin sur des hommes politiques américains de haut rang, plaident les auteurs du rapport. En outre, ils exhortent les services de renseignement à diffuser une propagande anti Xi Jinping — vu comme trop agressif diplomatiquement — afin de ralentir l’impérialisme chinois en mer de Chine méridionale ou envers Taïwan et Hong-Kong.

Une vigilance accrue sur de potentielles menaces pour la santé

Enfin, pour faire face à d’éventuelles attaques bactériologiques (comme des épidémies du type Covid-19), la commission exhorte la communauté du renseignement à s’étendre au-delà de ses capacités de défense et faire appel à d’autres agences gouvernementales fédérales pour la surveillance de la santé. Elle pourrait aussi le faire pour les négociations commerciales ou la clarification de la politique d’immigration.

A noter, le rapport de 37 pages, publié mercredi, est un résumé du rapport complet de 200 pages, contenant plus de 100 recommandations catégorisées. Les conclusions de ce document sont basées sur des études du House Intelligence Committee, des milliers d’évaluations analytiques, des centaines d’heures d’entretiens avec des agents du renseignement et des visites de centres supervisés par plus d’une douzaine d’organisations américaines liées la communauté du renseignement.

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