La guerre en Ukraine arrive dans l’espace cyber

 

La Russie a fait part jeudi de cyberattaques massives sur ses sites gouvernementaux, alors qu’elle continue sa guerre contre l’Ukraine. Ces attaques auraient atteint 1 To, soit une puissance deux à trois fois plus importante que celle des incidents précédents. Elles pourraient constituer une riposte après les accusations récentes contre Moscou.

De gros efforts déployés pour contrer ces menaces

Le ministère russe du développement numérique, des télécommunications et des médias de masse a annoncé, le jeudi 17 mars, que les sites web des agences gouvernementales nationales ont été touchés par des cyberattaques massives. « Si auparavant la puissance maximale des attaques était de 500 Go, elle atteint maintenant 1 To, soit deux à trois fois plus puissante que les incidents les plus graves auxquels nous avons dû faire face dans le passé », a précisé le ministère dans un communiqué. Les autorités russes déploieraient actuellement de gros efforts techniques pour filtrer le trafic web étranger et repousser les menaces.

Le ministère russe du développement numérique a également signalé des incidents particulièrement importants le 26 février, soit deux jours après le début de l’invasion de l’Ukraine. Des sites sites internet, dont ceux du Kremlin et de la Banque centrale Sberbank, ont connu des pannes ou des problèmes d’accès temporaires. Au même moment, les géants de la tech américains bloquaient et restreignaient l’accès des sites internet russes sur leur plateforme. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre des sanctions économiques contre la Russie.

La Russie prépare son Internet local

Face à ces tentatives de déconnecter le pays du réseau mondial, Moscou a relancé son projet d’internet souverain, Runet, élaboré depuis 2019. Plusieurs tests auraient déjà été menés avec succès entre fin 2019 et l’été 2021. En attendant de lancer ce réseau national, le gouvernement russe a proposé une série de mesures pour soutenir le secteur informatique et l’accompagner dans la transition. Il a notamment préparé une enveloppe de 14 milliards de roubles (134,30 millions de dollars), à repartir sous forme de subventions. Les entreprises y auront accès à des conditions fiscales et de prêts préférentiels.

Une coalition internationale de hackers pour la défense de l’Ukraine

Les attaques contre les sites gouvernementaux russes sont certainement une riposte aux supposées assauts informatiques russes contre l’Ukraine. En effet, il y a quelques jours, Kiev a accusé Moscou d’avoir saboté les sites internet de plusieurs de ses banques et ministères, dont celui de la défense et de l’intérieur. Ces attaques par déni de service distribué (DDoS) ont fait s’écraser les sites visés et les ont mis hors ligne pendant quelques temps.

Kiev a aussi rapporté des agressions cyber dites d’effacement qui détruisent les données sur les machines. Moscou a rejeté toutes les accusations à son encontre. Ce qui n’a pas empêché le camp adverse de répliquer. L’Ukraine a appelé tous les génies informatiques et les hackers du monde entier à rejoindre son équipe cyber (équipe de réponse rapide cybernétique ou CRRT) pour protéger le pays des manœuvres russes. Elle a lancé un appel similaire sur le front militaire afin de recruter des milliers de combattants volontaires.

De l’ordre de l’espionnage et du terrorisme

Anonymous Hacker Collective a apporté son aide en menant des cyberattaques majeures contre le gouvernement russe, le samedi 26 février. « Anonymous a des opérations en cours pour maintenir hors ligne les sites web du gouvernement .ru et pour transmettre des informations au peuple russe afin qu’il puisse être libéré de la machine de censure d’État de Poutine », a tweeté le groupe.

Notons que les intrusions informatiques peuvent non seulement perturber le fonctionnement des sites internet, mais aussi menacer sérieusement la fourniture de services essentiels comme l’approvisionnement en eau et en électricité, ainsi que les opérations bancaires. Elles pourraient même porter atteinte à la sécurité nationale quand elles visent des centrales nucléaires. C’est pourquoi on les range aujourd’hui dans la catégorie de l’espionnage et du terrorisme.

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