La régulation du chiffrement à l’épreuve du cas Telegram

La technique utilisée par les géants de la tech pour garantir la confidentialité des échanges des utilisateurs sur Internet fait débat suite à l’arrestation récente du patron de Telegram, Pavel Durov, sur le territoire français.

Alors que le chiffrement de bout en bout est de plus en plus la norme sur les applications de messagerie afin d’y préserver la confidentialité des échanges, le cas de Telegram suscite le débat quant à cette technique.

Quatrième application de messagerie mobile la plus populaire dans le monde, avec 950 millions d’utilisateurs actifs mensuels, Telegram est sous le feu des projecteurs depuis le début des poursuites judiciaires de son fondateur Pavel Durov en France.

Le milliardaire de 39 ans, arrêté le 24 août par les autorités, est accusé de diverses infractions commises via sa messagerie instantanée, allant du « blanchiment d’argent », au « trafic de stupéfiants », sans oublier le « partage de contenus pédopornographiques ».

Une méthode en plein essor

L’une des accusations à l’origine de nombreux débats dans l’industrie de la tech américaine concerne cependant la mise à disposition d’un outil de cryptologie généraliste sans avoir respecté la réglementation française, selon des sources interrogées par le New York Times (NYT).

D’autant plus que cette méthode de cryptage est aujourd’hui utilisée par des applications telles que WhatsApp, Signal ou encore iMessage. Sa popularité s’explique par la protection des communications qu’elle assure, ces dernières étant sécurisées de sorte que seuls l’émetteur et le destinataire puissent les lire.

De quoi préserver les données des utilisateurs contre d’éventuelles intrusions, à l’image de celle tentée en vain par le FBI en 2020 sur des téléphones iPhone appartenant au présumé auteur d’un attentat perpétré dans une base navale de Floride.

Une technique objet de suspicions

Même si le chiffrement de bout en bout est à chaque fois vigoureusement défendu par les propriétaires des plateformes technologiques lorsque nécessaire, la mise en accusation de Pavel Durov sur ce sujet précis ne fait pas l’unanimité.

Le NYT indique en effet que beaucoup restent circonspects dans la Silicon Valley en raison du procédé inhabituel de cryptage de Telegram. Alors que ses concurrents proposent un chiffrement par défaut, ce dernier opte pour un processus non automatique, partiel et pas facile à mettre en place par l’utilisateur.

De quoi laisser une faille sur l’application alors que celle-ci se vante depuis sa création en 2013, d’être inviolable. « Si l’on considère que cela devient un combat sur le chiffrement, ce n’est pas très bon d’avoir un défendeur qui paraît irresponsable », résume ainsi Daphne Keller, responsable du Cyber Policy Center de Stanford, dans les colonnes du New York Times.

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