Masculinisme et violence : la série Adolescence bientôt projetée à l’école

Après le Royaume-Uni, la série britannique Adolescence va être projetée dans les écoles en France, a annoncé la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, qui dit avoir obtenu les droits auprès du producteur. Cette fiction raconte l’histoire d’un jeune meurtrier de 13 ans influencé par l’idéologie masculiniste et la misogynie. Il s’agira de sensibiliser les élèves sur la dangerosité de ces thèses et plus largement sur la violence en ligne.

Dans une interview accordée à la chaîne d’information LCI, la ministre française de l’Éducation, Élisabeth Borne, a annoncé que la série britannique Adolescence servirait d’outil pédagogique dans les établissements secondaires en France. L’ex première ministre a expliqué que le producteur de la série avait « donné les droits » à son ministère pour « proposer cinq séquences éducatives pour les jeunes à partir de cette série ». Sont principalement concernés les élèves à partir de la classe de quatrième.

Adolescence traite de l’influence néfaste de l’idéologie masculiniste

Diffusée sur Netflix, la série britannique Adolescence raconte l’histoire d’un jeune homme de 13 ans du Royaume-Uni, Jamie (Owen Cooper), arrêté dans sa petite ville anglaise pour avoir poignardé à mort une camarade de classe. Des interrogatoires au poste de police et sa confrontation avec une psychologue permettent de mettre en lumière l’influence néfaste de l’idéologie masculiniste et de la misogynie qui prospèrent sur Internet depuis quelques années. Le crime de l’adolescent jette ses parents et ses proches dans la sidération et l’impuissance. Grâce à ce drame, beaucoup d’adultes de son entourage mesurent enfin l’impact des réseaux sociaux qu’ils méconnaissent largement.

La diffusion de la série déjà annoncée dans les écoles britanniques

En annonçant la diffusion d’Adolescence dans les écoles françaises, le ministère de l’Éducation nationale suit les pas du Royaume-Uni. Outre-Manche, Downing Street avait annoncé fin mars que la série serait diffusée dans les établissements du pays pour susciter le débat autour de la haine et de la misogynie en ligne. Le Premier ministre Keir Starmer a dit souhaiter l’implication des parents et des éducateurs dans la réflexion générale. En Hexagone, Elisabeth Borne était d’abord opposée à l’idée de diffuser cette fiction, avant de finalement céder face à l’actualité.

Adolescence tombe à pic, dans un contexte de violence à l’école

En effet, le débat sur la criminalité dans les écoles est revenu sur le devant de la scène après qu’un jeune de 16 ans a poignardé à mort un lycéen et blessé trois autres de ses camarades au lycée Notre-Dame de Toutes Aides à Nantes le 24 avril. Suite à ce drame, Elisabeth Borne a adressé ses pensées aux victimes et leurs proches, puis rendu hommage au personnel de l’établissement qui est intervenu et a neutralisé l’agresseur. Pour sa part, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a parlé d’une « tragédie qui nous bouleverse » et qui n’était « pas un simple fait divers mais un enjeu de société ». Cette semaine encore un collégien a poignardé une surveillante d’école à Nogent (Haute-Marne), tandis qu’un autre commettait un massacre (11 onze) dans une école à Graz, en Autriche.

Adolescence, représentative de la violence qui peut exister chez des jeunes

Ces dernières tragédies n’ont peut-être rien à voir avec le masculinisme ou la misogynie, mais s’inscrivent dans une même dynamique, celle d’une école devenue lieu d’expression favorite de la violence juvénile. Elles témoignent aussi d’une radicalisation croissante des adolescents, victimes d’une surexposition aux écrans et de la banalisation de la haine sur les réseaux sociaux. La série Adolescence traite justement de ces questions. Elisabeth Borne estime que les extraits de cette fiction choisis pour le support pédagogique sont « très représentatifs de la violence qui peut exister chez des jeunes ».

Emmanuel Macron menace d’interdire les réseaux sociaux au moins de 15 ans

Les créateurs de la série, Stephen Graham et Jack Thorne, espèrent de leur côté que cette diffusion dans les écoles incitera les jeunes à échanger avec leurs parents et leurs éducateurs, et à réfléchir sur ces sujets cruciaux face à la propagande quotidienne en ligne. Assommé par les dernières tragédies dans les écoles, Emmanuel Macron a appelé à une interdiction harmonisée des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans dans l’Union européenne (UE). « Je nous donne quelques mois pour arriver à faire la mobilisation européenne. Sinon […] on commence à le faire en France. On ne peut pas attendre », a déclaré le président français.

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