Superman : les conservateurs aboient, la caravane passe

Les critiques et l’appel au boycott de certains conservateurs américains n’y ont rien fait. Superman, le nouveau film de l’Homme d’Acier réalisé par James Gunn, a atteint 125 millions de dollars le premier weekend de sa sortie. Cette performance au box-office doit enrager les Trumpistes qui y voient un film woke et anti-israélien.

« Superman », le nouveau reboot de la bande dessinée réalisé par James Gun, avec David Corenswet dans le rôle de l’Homme d’Acier, a engrangé 125 millions de dollars dès son premier week-end de sortie au Canada et aux États-Unis. C’est le troisième meilleur lancement de l’année après « A Minecraft Movie » (162 millions de dollars) et « Lilo & Stitch » (146 millions de dollars). C’est également le troisième meilleur démarrage des films de DC Studios, derrière Suicide Squad de David Ayer, qui a démarré avec 133,6 millions de dollars, et Batman vs Superman : L’Aube de la Justice de Zack Snyder, qui a récolté 166 millions de dollars après son premier weekend.

Superman, un film woke ?

La performance du reboot de Superman cloue le bec aux Trumpistes et aux conservateurs américains. Ces derniers ont appelé au boycott du film pour deux motifs relevant de l’interprétation. Ils accusent d’abord Superman de faire la promotion du wokisme. Le commentateur YouTube Ben Shapiro affirme que le protagoniste extraterrestre y est présenté comme un immigré clandestin qui lutte face à un système oppressif, en l’occurrence, l’administration Trump. Selon lui, le réalisateur Gunn éprouve une « haine profonde » envers les États-Unis » en raison du narratif.

Un immigré venu d’ailleurs

Les partisans du mouvement MAGA s’appuient sur les propos de Gunn pour soutenir leur thèse. Le réalisateur a déclaré dans les colonnes du Times que « Superman, c’est l’histoire de l’Amérique », et qu’il a construit son héros comme un « immigré venu d’ailleurs et qui a habité le pays ». Cette prise de parole a déplu à Dean Cain, ex-interprète de Superman dans les films des années 1990. Il déplore que le personnage d’origine ait été « transformé » par le « wokisme de l’industrie de Hollywood. Au média TMZ, il a dit ne pas supporter ce « putain d’alien ». Des critiques semblables ont été émises par des journalistes conservateurs de Fox News et par Kellyanne Conway, ex-conseillère de Donald Trump.

Superman antisémite ? 

L’hystérie réactionnaire ne se limite pas à la théorie du « Grand Remplacement ». Elle s’étend au pseudo antisémitisme. En effet, l’extrême droite américaine et les sphères MAGA (« Make America Great Again », du slogan de Donald Trump)  pensent que le nouveau film « Superman » parle de la guerre à Gaza. Ils y voient une allégorie de ce conflit. « Très anti-israélien , ce qui est formidable pour un blockbuster d’un grand studio », ironise un créateur de contenus du nom d’Evan. Il n’est pas le seul à faire une telle lecture.

Une allégorie de la guerre à Gaza ?

De nombreux internautes trouvent que le nouveau blockbuster véhicule un message anti-israélien implicite, voire explicite. Certains observateurs jugent cette thèse plausible. Ils notent dans certaines scènes une attention particulière portée aux groupes d’enfants qui risquent d’être massacrés par une armée d’occupation. Ces scènes rappelleraient le ciblage délibéré des enfants palestiniens par les forces israéliennes. Dans la vraie vie d’ailleurs, l’extrême droite américaine assure que les massacres d’enfants et le génocide à Gaza relèvent de la propagande de la gauche démocrate. Ils soutiennent aussi que c’est le Hamas qui a déclenché la guerre en attaquant Israël le 7 octobre 2023, omettant au passage que l’occupation et la répression israéliennes a cours depuis plus d’un demi siècle.

Superman dépeint « l’invasion d’un pays » par un autre « bien plus puissant, dirigé par un despote »

James Gunn a catégoriquement nié que le film est une allégorie du conflit entre Israël et la Palestine. « Quand j’ai écrit ce film, le conflit au Moyen-Orient n’était pas encore d’actualité. J’ai donc essayé de faire quelques petites choses pour m’en éloigner, mais cela n’a rien à voir avec le Moyen-Orient », a-t-il déclaré à Comicbook.com. Si certains se moquent de lui en faisant allusion à la période avant 1948, date de l’invasion des territoires palestiniens, il est clair que le réalisateur parle d’avant le 7 octobre 2023. Gunn affirme que son long-métrage dépeint uniquement « l’invasion d’un pays » par un autre « bien plus puissant, dirigé par un despote ». La Russie en Ukraine ? La présence d’Orientaux dans le long métrage écarte cette thèse.

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