PMU : l’État prépare une réforme de la filière hippique en crise

Le PMU, Pari Mutuel Urbain, traverse une crise profonde. Pour redresser la filière, l’Etat préconise une réforme structurelle, un « Pacte PMU 2030 », qui doit changer le statut et la gouvernance de l’opérateur. Il s’agira également d’adopter une nouvelle stratégie face à la concurrence féroce des paris sportifs en ligne.

En France, la filière hippique n’en finit plus de perdre. Le PMU, en particulier, un des piliers du patrimoine français, se porte très mal. L’opérateur ne fait plus recettes, à cause de la forte concurrence des paris sportifs en ligne, bien plus prisés par les jeunes. Plus encore que la concurrence, il souffre d’un manque chronique d’investissements et de difficultés de gouvernance.

L’État propose un plan de redressement au PMU

Pour redresser la filière, le gouvernement propose une réforme, qui comprend un plan d’économies structurelles et une rénovation de la gouvernance afin de faire évoluer le statut du PMU. Cette évolution fera de l’opérateur un GIE commercial, permettant notamment de ne plus reverser la totalité de son bénéfice net aux sociétés mères et de constituer des réserves. Selon Bercy, le PMU aurait alors davantage d’autonomie stratégique et cela renforcerait l’entreprise et sa profitabilité. Cette réforme prendrait le nom de « Pacte PMU 2030 ». Et c’est Eric Woerth, député de l’Oise, qui a en assurera la rédaction.

75% des mises reversées aux parieurs

Né en 1930, le PMU est un Groupement d’intérêt économique (GIE) détenu par France Galop et la SETF (Société d’encouragement à l’élevage du trotteur français). Ces deux entités se partagent à parts égales le bénéfice net (8% des mises) pour financer la filière hippique et ses 40 000 emplois. L’Etat en reçoit 9% et les joueurs empochent le reste (75% des mises), sous forme de gains. Bercy exerce une tutelle sur ce secteur, qui connaît une crise profonde depuis un bon moment.

Le PMU voit son chiffre d’affaires baisser

Selon l’Autorité nationale des jeux (ANJ), le PMU a enregistré 6,6 milliards d’euros de mises en 2024, pour 1,7 milliard de produit brut des jeux (différence entre les mises des joueurs et leurs gains). Ce qui correspond à une baisse du PBJ de 2% sur un an. Et l’année 2025 ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices, puisque les mises ont reculé de 4% sur le premier semestre, selon France Galop. On note par ailleurs que le PMU s’est fait devancer par les paris sportifs en ligne, n’ayant que 12% de part de marché en 2024.

Le patron du PMU a présenté sa démission

Au-delà des finances, le PMU fait face à des dissensions internes jamais vues depuis sa création, il y a près de 100 ans. En outre, le groupe a fait l’objet d’une enquête journalistique, publiée en mars et qui décrit des dérives, avec un système pour maximiser les rendements. Cet épisode avait valu à son dirigeant une convocation au ministère de l’Education nationale. Emmanuelle Malecaze-Doublet, qui dirige le PMU depuis juillet 2022, suite à la révocation de son prédécesseur Cyril Linette pour faute, a dû annoncé son départ pour la fin de l’été. On ne connait pas encore son remplaçant ou l’intérimaire.

L’Etat demande aux sociétés mères de poursuivre leurs efforts d’économies

Dans le cadre de son plan de redressement, l’Etat demande également aux sociétés mères, France Galop et la SETF, de poursuivre les efforts d’économies et de réduction pérenne des charges. Il leur recommande de favoriser davantage la mutualisation de leurs services et de dégager, en parallèle, de nouvelles recettes hors-paris. France Galop a déjà annoncé fin mai un plan d’économies et de retour à l’équilibre, avec notamment une diminution progressive de ses charges d’organisation des courses de 20 millions d’euros à horizon 2029. Pour atteindre ses objectifs, la société pourra compter sur l’exemption de la hausse des taxes sur les paris hippiques en point de vente, incluse dans la loi des finance 2025.

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