L’Espagne pourrait se retirer de l’Eurovision 2026 si Israël y participe. C’est ce qu’a annoncé mardi la radio et télévision publique espagnole. Le ministre de la Culture et le chef du gouvernement avaient déjà émis cette hypothèse. Si le pays se retirait, il rejoindrait l’Irlande, la Slovénie, l’Islande et les Pays-Bas dans le rang de ceux qui boycotteront la prochaine édition du concours musical en cas de présence de l’État hébreu.
La RTVE, la radio et télévision publique espagnole, a annoncé mardi que l’Espagne ne concourra pas à l’Eurovision 2026 (qui se déroulera à Vienne du 12 au 16 mai) si Israël maintenait sa participation. La veille, le ministre de la Culture espagnol Ernest Urtasun avait estimé que son pays devrait se retirer du concours musical européen en cas de présence d’un représentant israélien. Si l’Espagne adoptait clairement cette position, elle rejoindrait d’autres pays tels que l’Irlande, la Slovénie, l’Islande et les Pays-Bas, qui ont déjà déclaré qu’ils n’iraient pas au télécrochet avec la participation de l’État hébreu. Elle serait toutefois le premier du groupe des « Big Five », ces grands contributeurs du concours (Espagne, Royaume-Uni, France, Italie et Allemagne) à prendre cette décision.
Pour Pedro Sánchez, Israël doit être exclu de l’Eurovision
En mai déjà, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez avait affirmé qu’Israël devrait être exclu de l’Eurovision, par « solidarité » avec le « peuple de Palestine confronté à l’absurdité de la guerre et des bombardements ». Le chef du gouvernement espagnol est l’une des voix européennes les plus critiques envers l’État hébreu. Celui-ci mène, depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, une offensive armée brutale dans la bande de Gaza, avec déjà plus de 65.000 civils tués.
Madrid parle de génocide dans l’enclave palestinienne, un terme que réfute Tel Aviv. Les autres capitales européennes dénoncent également la violence contre les civils palestiniens et le plan d’occupation du territoire, mais se montrent moins véhémentes. Lors de l’assemblée générale de l’UER en juillet, plusieurs pays avaient exprimé des préoccupations concernant la participation d’Israël à l’édition viennoise.
L’Espagne libre de se retirer de l’Eurovision
Si l’Espagne exprime le souhait de se retirer, la décision finale revient à l’organisateur de l’Eurovision, l’Union européenne de radio-télévision (UER). Celle-ci autorise les nations à se retirer du prochain concours avant la mi-décembre, sans pénalités financières. Elle insiste cependant sur le caractère apolitique de l’événement. Mais les opposants à Israël pointe une hypocrisie de l’UER, après que la Russie a été exclue de cette compétition depuis 2022 pour avoir envahi l’Ukraine.
Le pays de Vladimir Poutine est d’ailleurs également interdit de toutes compétitions sportives, comme la Vuelta, tandis que Israël y participe. Pour dénoncer cette politique de deux poids deux mesures ainsi que le massacre en cours à Gaza, des manifestants pro palestiniens ont perturbé le Tour d’Espagne la semaine dernière. La formation Israël – Premier Tech y prenait part.
Grande Canarie ne veut pas « blanchir le génocide à Gaza et l’État d’Israël par le sport ou toute autre activité »
Dimanche, le Premier ministre espagnol a fait part de son « admiration » pour ces manifestations pro palestiennes qui ont perturbé la Vuelta et obligé à écourter la course. La dernière étape a été interrompue après l’envahissement du parcours par des milliers de personnes, dans le centre de Madrid. Pour la prochaine édition, qui aura lieu du 22 août au 13 septembre 2026, les organisateurs se creusent déjà les méninges pour établir le parcours.
Le président de Grande Canarie (l’une des principales îles Canaries qui accueille une étape), Antonio Morales, a déclaré que sa région « n’est pas disposée à blanchir le génocide à Gaza et l’État d’Israël par le sport ou toute autre activité ». Il attend de « voir ce qu’il se passera dans les mois à venir » pour se décider. Le dirigeant assure toutefois qu’« avec la participation d’Israël, Grande Canarie n’accueillera pas la Vuelta ».
Des contrats d’armements annulés avec Israël
L’Espagne, qui a reconnu l’Etat de Palestine le 28 mai 2024 avec l’Irlande et la Norvège, ne veut plus rien à voir avec le gouvernement de Benjamin Netanyahou. D’ailleurs, depuis un bon moment, les relations avec l’État hébreu sont extrêmement tendues. Tel Aviv a rappelé son ambassadeur en Espagne suite à la reconnaissance de l’Etat de Palestine par l’exécutif de Pedro Sánchez. Madrid a également rappelé son ambassadrice en Israël, après des échanges très vifs entre les deux pays.
Le gouvernement espagnol est actuellement lancé dans un vaste plan de réflexion pour se passer des armes mais aussi des technologies israéliennes dans ses forces armées. Il a déjà annulé un contrat de près de 700 millions d’euros pour des lance-roquettes de conception israélienne, dans la foulée de l’embargo sur les contrats d’armement avec Tsahal.