Au Liechtenstein, plusieurs casinos ont fermé ces derniers mois, en raison d’un effondrement de la fréquentation et des chiffres d’affaires. Cette crise des établissements de jeux remonte à une décision prise en début d’année par la principauté d’échanger automatiquement les listes de joueurs interdits de jeux d’argent avec la Suisse voisine. De nombreux Suisses, pourtant des clients clés, sont ainsi exclus dans le petit État.
Au Liechtenstein, le secteur des jeux d’argent traverse une crise depuis plusieurs mois. La fréquentation s’est effondrée et les chiffres d’affaires ont lourdement chuté. Ce qui pousse les opérateurs à mettre la clef sous la porte. Quatre établissements ont déjà fermé, et un cinquième le fera à la fin septembre.
Partage de la liste des joueurs interdits entre le Liechtenstein et la Suisse
Cette crise des casinos au Liechtenstein remonte à janvier 2025, lorsque les autorités ont décidé d’échanger automatiquement avec la Suisse la liste des joueurs interdits de jeux et d’imposer la vérification de fiche de salaire ou de document bancaire. Cette décision vise à lutter contre la dépendance aux jeux. Elle est entrée en vigueur après que la Cour constitutionnelle a rejeté le recours des exploitants de casinos, qui invoquent une atteinte à la liberté économique. C’est une mesure cruelle car plus de la moitié des joueurs dans les établissements du Liechtenstein viennent de Suisse. Depuis lors, une grande partie de cette clientèle manque à l’appel, et cela a de graves conséquences.
L’association des casinos réclame de meilleures conditions-cadres
En effet, certains établissements ont enregistré des pertes de chiffre d’affaires allant jusqu’à 85 % par rapport à l’année précédente. Ce qui provoque logiquement une chute des recettes fiscales du jeu. Pour l’heure, rien ne pousse à l’optimisme. Après un produit brut des jeux (PBJ) de 15,9 millions de francs lors des trois premiers mois de 2025, le deuxième trimestre n’a généré que 13,6 millions.
Si la tendance se poursuit, le record de 2024 ne sera pas battu ni même atteint. L’année dernière, le PBJ a atteint 140,8 millions de francs, marquant une hausse de 6 millions par rapport à 2023. Pour éviter d’autres fermetures et une crise plus profonde, l’association des casinos du Liechtenstein réclame de meilleures conditions-cadres.
Une évolution réglementaire très importante en si peu de temps
Rappelons qu’au Liechtenstein, rares sont les secteurs de l’économie qui ont connu en si peu de temps une évolution réglementaire aussi importante. En effet, contrairement à ce que prescrit son système économique généralement libéral, la principauté a renforcé à plusieurs reprises la régulation des établissements de jeux depuis l’ouverture du marché en 2017.
Le secteur a dû faire face à environ vingt modifications législatives en seulement huit ans. Parmi ces règlementations figurent la limitation de la publicité, la modification de la proportion entre tables de jeu et machines à sous en faveur des jeux traditionnels, et l’augmentation des taxes. Un référendum a même été organisé en 2023 pour une interdiction totale des casinos. Mais 73,3 % des votants ont rejeté cette initiative.
Le Liechtenstein souhaite conserver trois ou quatre casinos tout au plus
Les opposants à la prolifération des casinos pointent des risques de transformation du Liechtenstein en « Las Vegas des Alpes », alors que neuf opérateurs avaient déjà obtenu une autorisation d’exploitation. Ce nombre s’avérait un peu trop élevé par rapport à celui des habitants. En effet, aucun autre Etat au monde n’affiche un casino pour 4 000 habitants.
L’association des casinos liechtensteinois a reconnu la nécessité de limiter la surabondance de l’offre, mais craint que la nouvelle législation n’aboutisse à une interdiction progressive des jeux d’argent. Ce que ne souhaite pas le gouvernement, au nom des principes de l’ordre économique libéral. Le gouvernement pense que le marché finira par se réguler de lui-même, avec à moyen terme trois ou quatre maisons de jeu dans le pays. Quatre établissements sur neuf ont déjà fermé…