Des Vivants, ce récit bouleversant et polémique des attentats du Bataclan

La série « Des vivants », du réalisateur Jean-Xavier de Lestrade, est disponible sur la plateforme France.tv depuis le lundi 27 octobre. Elle rend hommage aux rescapés des attentats du 13 novembre au Bataclan, via l’histoire d’Arnaud et de sa femme Marie, qui faisaient partie du public venu assister au concert des Eagles of Death Metal. Mais ce récit cru, davantage proche du documentaire que de la fiction, met mal à l’aise certaines victimes.

« Des vivants », la fiction de Jean-Xavier de Lestrade directement inspirée du témoignage des rescapés des attentats du Bataclan en 2015, est disponible depuis ce lundi 27 octobre sur France.tv, avant sa diffusion en prime time sur France 2, à partir du 3 novembre prochain. Ce récit cru, presque documentaire, plonge dans les entrailles du traumatisme. Il montre sans filtre les horreurs de cette nuit à jamais gravée dans la mémoire des onze survivants, sauvés in extremis par l’assaut de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention).

C’est l’histoire d’Arnaud et de sa femme Marie 

La série « Des vivants », qui se compose de huit épisodes, raconte l’histoire de sept survivants (sur onze) du Bataclan, des ex-otages qui se font appeler les « Potages » (contraction de potes et otages) pour exorciser leurs démons ensemble. Elle porte précisément à l’écran l’histoire d’Arnaud (joué par Benjamin Lavernhe) et de sa femme Marie (incarnée par Alix Poisson), qui faisaient partie du public venu assister au concert des Eagles of Death Metal, le 13 novembre 2015. Pris en otage par les terroristes, le couple a passé plus de deux heures dans un couloir de service de la salle de spectacle, certain d’être exécuté. Heureusement, la BRI est intervenue à temps pour les libérer, avec neuf autres spectateurs retenus ce soir-là. Mais, en sortant du spectacle, ils ont emporté un lourd traumatisme, qu’on ne peut oublier facilement.

Xavier de Lestrade a filmé au plus près du réel

Dans « Des vivants », Jean-Xavier de Lestrade a filmé au plus près du réel et exprimé la tension comme les victimes l’ont vécue. Il y a des plans très serrés et des flashbacks un peu voyeuristes de la prise d’otages, tournés dans le Bataclan même. Ce choix de tournage suscite le mécontentement du président de l’association des victimes Life for Paris, Arthur Dénouveaux. Celui-ci dénonce « un brouillage de la frontière entre fiction et réalité ». Le 13 novembre 2015, il était dans la salle du Bataclan quand les terroristes ont attaqué. Il a pu s’enfuir par une issue de secours.

Ce n’était pas nécessaire de tourner au Bataclan 

Arthur Dénouveaux raconte qu’avant le tournage, Jean-Xavier de Lestrade l’a convié à diner pour évoquer, entre autres, les lignes rouges à ne pas franchir. À cette occasion, il aurait dit à son interlocuteur que ce n’est pas nécessaire de faire des reconstitutions macabres et de tourner au Bataclan car il existe d’autres salles à Paris qui ont la même configuration. Il aurait prévenu que ça pourrait choquer les victimes ou leurs proches de revoir les lieux, et surtout réveiller des traumatismes contre lesquels ils se battent depuis dix ans. Mais le film a quand même été tourné dans la salle. Face à cette situation, le président de Life for Paris appelle à mettre en place une charte du Bataclan, sur le modèle de celle d’Auschwitz pour que la frontière entre fiction et documentaire reste une frontière étanche.

Personne ne voulait jouer les terroristes du Bataclan 

Interrogé sur sa rencontre avec Arthur Dénouveaux, Jean-Xavier de Lestrade se souvient avoir effectivement dîné avec le président de Life For Paris, mais ne se rappelle pas forcément de cette demande de ne pas tourner au Bataclan. Pour lui, filmer les vrais sièges, c’est au contraire une marque de respect envers les victimes et le spectateur. Il assure également avoir associé dès le départ les sept victimes au projet. Celui-ci, confie t’il, aurait d’ailleurs pu ne jamais voir le jour car personne ne voulait jouer les deux terroristes. Finalement, Amine Lansari et Ouday El Khoumisti ont accepté d’incarner respectivement Ismaël Omar Mostefaï et Foued Mohamed-Aggad, les djihadistes responsables des attentats du Bataclan.

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