NSO Group, l’entreprise derrière le logiciel espion « Pegasus » passe sous pavillon américain. Elle a été reprise par un consortium d’investisseurs américains, dirigé selon les médias par le producteur hollywoodien Robert Simonds. David Friedman, un ancien avocat d’affaires qui avait notamment défendu les intérêts de Donald Trump, a également pris la tête de cette société.
NSO, l’éditeur israélien du logiciel espion Pegasus, devient américain. Il a été racheté par un groupe d’investisseurs dirigé par un producteur hollywoodien du nom de Robert Simonds. Le montant exact de l’opération n’a pas été divulgué, mais il s’élèverait à plusieurs dizaines de millions de dollars. NSO assure toutefois que son siège et ses équipes resteront soumis aux autorités israéliennes, notamment au ministère de la Défense.
NSO Group a vendu Pegasus à des gouvernements répressifs
Le monde entier a connu Pegasus en juillet 2021, quand un consortium de médias a publié une vaste enquête concernant ce logiciel. Le rapport indique que NSO a vendu Pegasus à plusieurs gouvernements pour espionner les journalistes, activistes et opposants politiques. Jusqu’à 50 000 personnes auraient été espionné à travers le monde. Pegasus avait la particularité de pénétrer via WhatsApp dans n’importe quel téléphone, d’accéder aux messages, aux photos, au micro et à la caméra sans aucune autorisation ni action de la part de l’utilisateur.
Joe Biden avait placé l’éditeur de Pegasus sur une liste noire
Fin 2021, l’administration Biden avait placé NSO sur sa liste noire (l’Entity List du département américain du Commerce), lui interdisant de commercer avec des entreprises US et d’acquérir certains types de technologies provenant des États-Unis. Elle accusait le groupe israélien d’avoir mis sur le marché un outil numérique au service de la répression de dissidents, militants et journalistes, et d’avoir participé à des activités contraires à la sécurité nationale ou aux intérêts de politique étrangère de l’Amérique. Joe Biden avait également signé, en 2023, un décret interdisant aux agences et départements fédéraux d’utiliser des logiciels espions commerciaux qui présentent des risques pour la sécurité nationale ou ont servi à perpétrer des violations des droits humains dans le monde.
Meta a poursuivi l’entreprise en justice pour avoir ciblé WhatsApp
Par ailleurs, NSO a été condamnée en juillet dernier à verser 168 millions de dollars de dommages et intérêts à Meta, au terme d’un procès entamé il y a six ans pour avoir piraté la messagerie WhatsApp. En octobre, un juge a réduit l’amende à 4 millions de dollars. L’entreprise israélienne a tout de même jugé que cette décision pourrait la conduire à la faillite. Elle a fait appel, et demande un sursis. Entre temps, en 2023, NSO Group avait connu une importante restructuration managériale après plusieurs revers financiers. Ses fondateurs — Niv Karmi, Shalev Hulio et Omri Lavie, dont les prénoms forment l’acronyme du nom de la société — ont vendu leurs actions pour se retirer de la société qu’ils ont créée en 2010.
NSO Group créera-t-il un autre Pegasus pour Washington ?
Selon les experts, l’acquisition par un consortium américain pourrait donner une nouvelle virginité et un nouveau souffle à NSO. Mais, ils se demandent jusqu’à quel point le contrôle des Américains s’exercera sur cette entreprise devenue le symbole de l’espionnage. Il faut surtout noter que David Friedmann en est devenu le nouveau président exécutif. Cet ex-ambassadeur des États-Unis en Israël (de 2017 à 2021) est un ancien avocat d’affaires qui avait notamment défendu les intérêts de Donald Trump dans le cadre des faillites de ses casinos d’Atlantic City. On imagine aisément que l’actuel locataire de la Maison Blanche ne se gênera pas pour reprendre à son compte les activités de Pegasus, même à l’encontre de ses supposés alliés européens.