Electronic Arts bientôt dans l’escarcelle de l’Arabie Saoudite ?

Electronic Arts pourrait très bientôt devenir une propriété de l’Arabie Saoudite. Selon un dépôt réglementaire révélé par le Wall Street Journal, le Fonds d’investissement public saoudien (le PIF) s’emparera de 93,4% d’EA pour environ 29 milliards d’euros. Si l’opération se concluait, ce serait du jamais vu dans l’industrie du jeu vidéo. Elle renforcerait la place de la monarchie dans le secteur du gaming, vu comme un soft power.

En octobre, Electronic Arts avait annoncé son intention de quitter la bourse via un rachat spectaculaire de 55 milliards de dollars, mené par trois acteurs : le fonds souverain saoudien (PIF), Affinity Partners (le fonds d’investissement de Jared Kushner, beau-fils de Donald Trump) et Silver Lake. Beaucoup pensaient alors naïvement que les parts allaient être réparties équitablement. Mais il n’en serait rien.

Un quasi monopole du PIF saoudien

Selon un dépôt réglementaire révélé par le Wall Street Journal, le Fonds d’investissement public saoudien (le PIF) s’emparerait de 93,4% d’EA. Les deux autres investisseurs, Silver Lake et Affinity Partners, récupèrent des miettes. Ils ont respectivement 5,5% et 1,1% de l’action. Vu la part du fonds saoudien, on ne devrait pas parler d’actionnariat majoritaire, mais d’un monopole. Celui-ci n’étonne pas vraiment quand on sait que l’Arabie Saoudite est un partenaire privilégié de ces deux sociétés américaines et que le PIF fait partie de leurs plus importants investisseurs.

Le rachat d’Electronic Arts repose sur une structure financière titanesque

Cette opération repose sur une structure financière titanesque. Elle comprend 36,4 milliards en capitaux propres, complétés par 20 milliards de dette. Soit un total de 56,4 milliards. Une fois retranchés les 5,2 milliards correspondant à la participation que le PIF possédait déjà dans EA, le fonds injecterait près de 29 milliards pour finaliser l’acquisition. C’est potentiellement le plus gros LBO de l’histoire (Leveraged Buyout, en français « rachat par effet de levier »). À l’échelle du jeu vidéo, une transaction de cette ampleur n’a jamais eu lieu. En termes de participation, elle est toutefois dépassée par le rachat de SNK en 2020 (96,18%).

L’Arabie Saoudite cherche à renforcer son soft power

Le rachat d’IA par le PIF doit encore être approuvé par les actionnaires, qui voteront dans les semaines à venir, avant une validation par les régulateurs. Si celle-ci se concluait, Electronic Arts deviendrait l’une des plus grosses entreprises du divertissement entièrement contrôlée par un fonds souverain étranger. Grâce à ce rachat, l’Arabie Saoudite diversifierait son économie, étendrait son soft power culturel et nourrirait le projet Vision 2030 de son souverain Mohamed Ben Salmane. Mais certains observateurs s’inquiètent des conséquences du monopole saoudien sur la gouvernance et les stratégies de l’éditeur. Les priorités des nouveaux propriétaires pourraient s’éloigner du marché occidental et de ses valeurs.

Electronic Arts, l’une des nombreuses acquisitions de l’Arabie Saoudite dans le jeu vidéo

Notons que ces dernières années, l’Arabie Saoudite a énormément investi dans l’industrie du jeu vidéo pour des questions géopolitiques. Elle cherche à bien se faire voir alors que les organisations des droits de l’homme dénoncent régulièrement ses dérives. Le Fonds d’investissement public saoudien a déjà acquis Scopely, un développeur de jeux mobiles (connu pour Monopoly Go !) pour 4,9 milliards de dollars.

Il a aussi pris des parts significatives dans d’autres géants de l’industrie tels que Nintendo, Take-Two, Capcom et Activision Blizzard. Le groupe a en outre racheté ESL et FACEIT, deux acteurs majeurs de l’e-sport, pour 1,5 milliard de dollars. Par ailleurs, le Royaume a accueilli des tournois majeurs d’e-sport et devait initialement organiser les premiers Jeux Olympiques d’e-sport en 2027. Ce partenariat a été annulé depuis par le CIO…

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