Aux États-Unis, des chercheurs de l’université Tufts ont mis au point une technologie semblable au lance-toile de Spider-Man. Cette invention projette des fibres de soie collantes, qui permettent de soulever des objets avec une force et une précision surprenantes.

Spider-Man est l’un des super-héros les plus populaires de Marvel. Et il y a de quoi. L’homme-araignée a des pouvoirs géniaux. Dans ses films, il projette des toiles collantes pour se balancer entre les gratte-ciels et rattraper ses ennemis. Malheureusement pour ses fans, on ne peut pas reproduire son geste dans la vraie vie. Mais peut-être plus pour longtemps.

Le lance-toile de Spider-Man prend vie dans un laboratoire

En effet, aux États-Unis, des chercheurs de l’université Tufts ont mis au point une technologie semblable au lance-toile de Spider-Man. C’est une sorte d’aiguille qui éjecte un fluide spécial se solidifiant au contact de l’air pour se transformer en une corde rigide capable de s’accrocher aux objets et de les soulever. Une étude sur cette invention a été publiée dans la revue scientifique Advanced Functional Materials.

Pour fabriquer leur fluide, les chercheurs américains se sont servis de la fibroïne de soie, obtenue en faisant bouillir la soie produite par les cocons de mites. Cette matière adhésive s’inspire de la soie fabriquée naturellement par les insectes (araignées, papillons, fourmis, coléoptères ou encore mouches) et utilisée pour construire des cocons ou tisser des toiles afin de capturer des proies et se déplacer.

Un long processus ingénieux pour faire comme Spider-Man

Les chercheurs ont constaté que les solutions de fibroïne de soie pouvaient former un hydrogel relativement solide en plusieurs heures, lorsqu’on les exposait à des solvants organiques comme l’acétone ou l’éthanol. Ils ont fait cette découverte presque par hasard. Marco Lo Presti, docteur en génie biomédical à l’université Tufts, rapporte avoir remarqué qu’un matériau ressemblant à une toile se formait au fond de son verre un jour qu’il nettoyait sa verrerie avec de l’acétone, dans le cadre d’un projet de fabrication d’adhésifs à base de fibroïne de soie.

Cette découverte accidentelle leur a permis de résoudre quelques difficultés techniques dans la fabrication de leur toile d’araignée. Les scientifiques ont ajouté de la dopamine, un élément utilisé dans la fabrication des adhésifs, afin que la solution se solidifie presque instantanément à l’air libre. Pour faire filer leur fibre, ils ont utilisé une aiguille coaxiale, à travers laquelle on peut lancer un mince filet de solution de soie.

La toile soulève des objets faisant plus de 80 fois son propre poids

Ce filet est enveloppé d’une couche d’acétone. Celle-ci s’évapore dans l’air, laissant derrière elle une fibre attachée à tout objet avec lequel elle entre en contact. Les chercheurs ont renforcé leur solution de fibroïne de soie et de dopamine avec un tampon de borate et du chitosane, un dérivé d’exosquelettes d’insectes. Ce qui a permis de renforcer l’adhérence et la résistance à la traction des fibres.

Lors de tests en laboratoire, l’aiguille a pu projeter des fibres capables de soulever des objets plus de 80 fois leur propre poids. Parmi les objets soulevés figuraient un boulon en acier, un bloc de bois, un tube de laboratoire flottant sur l’eau et un scalpel partiellement enterré dans le sable. Et tout cela à une distance d’environ 12 centimètres. Les scientifiques précisent que le diamètre des fibres peut varier en fonction de l’alésage de l’aiguille.

Un large éventail d’applications technologiques possibles

Bien que les fibres artificielles fabriquées par les chercheurs soient moins résistantes que ce que Marvel nous fait voir, elles montrent quand même une certaine solidité. Si elles ne permettent pas encore de se balancer d’un immeuble à l’autre comme Spider-Man, ces tentacules adhésifs ouvrent un large éventail d’applications technologiques possibles, notamment en médecine. Elles prouvent qu’on peut naviguer à la frontière entre l’imagination et la pratique.