Lundi 28 avril, un patient atteint de la maladie de Charcot a annoncé avoir pu communiquer grâce à l’implant cérébral de Neuralink, la société d’Elon Musk qui développe des interfaces cerceau -machine. Même si le dispositif ne peut pas encore lire les pensées, cette annonce représente un nouvel espoir pour les personnes vivant avec des troubles neurologiques affectant la parole et le mouvement.
« Bonjour, je suis Brad Smith. J’ai fait cette vidéo en utilisant l’interface de l’ordinateur cérébral pour contrôler la souris de mon Mac Book pro. C’est la première vidéo réalisée grâce à Neuralink », a écrit lundi 28 avril, sur X (ex Twitter) Brad Smith, la troisième personne à recevoir un implant cérébral de la société d’Elon Musk et la première atteinte de SLA non verbale. Cet Américain a retrouvé la capacité de communiquer grâce à une interface cerveau-ordinateur et à l’intelligence artificielle.
Neuralink bien plus efficace qu’un oculomètre
Brad Smith est atteint d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA), également appelée maladie de Charcot, caractérisée par la mort progressive des motoneurones. Entièrement paralysé, cet homme a perdu l’usage total de la parole et dépend d’un ventilateur pour respirer. Son seul moyen de parler auparavant était avec un ordinateur à commande oculaire. Ce système de suivi des yeux fonctionnait bien uniquement dans des environnements sombres, limitant gravement son autonomie et sa capacité à interagir avec les autres. Grâce à Neuralink, il a pu remplacer son oculomètre par une interface cerveau -machine plus efficace.
1 024 électrodes dans le cerveau
L’implant cérébral de Neuralink permet aux utilisateurs de contrôler un curseur d’ordinateur par la pensée. Cette merveille d’ingénierie, de la taille d’une pièce de dollar, se compose de 64 fils ultrafins, chaque fil contenant 16 électrodes, pour un total de 1 024 électrodes. Le dispositif est délicatement placé dans le cortex moteur grâce à un robot chirurgical conçu spécialement pour cette opération. Il capte les signaux neuronaux et les transmet via Bluetooth à un ordinateur, qui analyse ces données et les transforme en commandes.
Brad Smith a retrouvé la voix grâce à l’IA
Cette technologie miniature permet à Brad Smith de communiquer sur X, le réseau social d’Elon Musk, et d’éditer une vidéo de neuf minutes dans laquelle il explique comment fonctionne cet implant révolutionnaire. Dans cette séquence, on peut entendre la voix du patient, qui a pourtant perdu l’usage de la parole. Il a pu retrouver sa propre voix grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle (Grok 3, l’IA d’Elon Musk), qui s’est servi d’anciens enregistrements pour cloner sa voix et narrer sa vidéo. Plutôt que de penser à déplacer son bras pour commander la souris, Brad Smith n’a qu’à travailler sur sa langue et imaginer serrer la mâchoire pour cliquer.
Neuralink a créé un outil dopé à l’IA pour écouter et répondre aux amis
Sur X, le patient a expliqué comment il se sentait maintenant et le bonheur qu’il retrouvait grâce à Neuralink. Il a également demandé aux internautes de lui poser toutes leurs questions. Plusieurs personnes se sont prêté au jeu, lui demandant notamment à quelle vitesse il pouvait écrire. Le concerné n’a pas répondu immédiatement, mais on imagine qu’il le fera dès qu’il le pourra. Brad Smith a en outre raconté que Neuralink a créé un outil dopé à l’IA et entraîné pour écouter les conversations des amis, puis lui soumettre des réponses pour intervenir dans la discussion.
Encore impossible de lire dans les pensées
Avant Brad Smith, Neuralink a permis à deux premiers patients de contrôler un ordinateur par la pensée, leur redonnant une certaine autonomie alors qu’ils étaient paralysés. Si le dispositif ne lit pas encore à haute voix et en temps réel les pensées, il constitue une avancée considérable pour les bénéficiaires et une source d’espoir pour toutes les personnes ayant perdu la parole et leur autonomie. Notons toutefois que le système souffre encore de quelques défauts ou limites.
Quelques soucis avec le dispositif de Neuralink avec le temps
En effet, l’équipe d’Elon Musk est confrontée à plusieurs problèmes avec les premières opérations, notamment les fils souples qui se déplacent et la formation de tissus cicatriciels qui réduisent la sensibilité des électrodes. Aussi, un certain nombre d’électrodes a commencé à se rétracter chez les deux premiers patients, rendant le contrôle de l’ordinateur plus difficile. Il n’en resterait plus que 15 %. Les scientifiques ont pu compenser cette perte en modifiant les algorithmes, mais on ignore encore combien d’électrodes pourront être remplacés.
Neuralink a obtenu l’autorisation de la FDA aux États-Unis
Malgré ces imperfections, Elon Musk croit en son projet, qui doit aboutir à l’Homme augmenté, avec un être humain et une machine qui ne formeraient plus qu’un. S’appuyant sur ces trois premiers patients aux États-Unis, testés dans le cadre de l’étude « Prime » censée durer six ans, Neuralink ouvre son registre à l’échelle mondiale. L’entreprise souhaite atteindre 1000 personnes bénéficiant de son dispositif en 2026. Un horizon très ambitieux. Aux États-Unis, Neuralink peut multiplier les essais puisqu’il a obtenu en 2023 l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) américaine. Mais ailleurs, ce n’est pas gagné d’avance vu les questions éthiques.