Il est de coutume que les gamers critiquent les jeux vidéo dès leur sortie, notamment pour des bugs ou des images moches. Mais les studios n’apprécient pas toujours ces plaintes, parfois véhémentes. À l’occasion d’une interview réalisée par GamesRadar, certains de leurs responsables ont tenu à mettre les choses au clair. La plupart part évoquent des gamers qui critiquent à tout-va alors qu’ils ne savent rien sur la conception des jeux.
Grâce aux réseaux sociaux, tout le monde peut aujourd’hui donner son avis sur n’importe quel sujet, qu’on soit spécialiste ou pas. Cette tendance se remarque même sur des questions techniques, ce qui a le don d’irriter les experts du domaine. Comme c’est le cas dans l’univers vidéo-ludique. Les éditeurs s’irritent de plus en plus des remarques, parfois très agressives, des joueurs après la sortie de jeux.
Ils ne savent rien mais parlent
Dans une interview réalisée par GamesRadar, une trentaine de dirigeants du secteur des jeux vidéo ont exprimé leur agacement face à ces critiques de « profanes ». L’un d’entre eux, Dave Oshry, se plaint des gamers « qui ne savent presque rien sur la façon dont les jeux sont créés », et qui viennent mettre à mal des réputations, sans réel compréhension d’un tas de paramètres. Pour montrer la complexité de leur travail, le PDG de New Blood Interactive (Helldivers 2, Palworld et Dusk) relève que les équipes de développement de jeux ont plus en commun avec la production cinématographique et télévisuelle qu’on ne le pense.
Concevoir un jeu vidéo est plus complexe que les gamers ne le pensent
Oshry a également attaqué la pseudo « paresse des développeurs » mise en avant par les internautes face à un bug ou l’absence d’une fonctionnalité jugée essentielle. Selon lui, les développeurs de Helldivers 2 et de Palworld aimeraient que les joueurs comprennent que les ajouts et mises à jour dits « faciles » sont parfois très complexes. « Cela représente six mois de travail », précise-t-il. Le dirigeant ajoute que la création de jeux peut prendre plusieurs années car il faut faire travailler ensemble plusieurs personnes.
Les gamers doivent savoir que réunir les meilleurs développeurs ne garantit pas un jeu exceptionnel
En effet, il faut réunir toute une équipe, composée de meilleurs programmeurs, d’artistes, animateurs et concepteurs sonores. Mais cela ne garantit pas qu’ils puissent créer un jeu exceptionnel. Tout dépend des relations entre ces professionnels et des ressources disponibles, les studios indépendants n’ayant pas toujours les mêmes moyens que les gros éditeurs. Également interrogé à propos des critiques des gamers, David Szymanski, développeur et associé d’Oshry, ne se montre pas tendre non plus.
Ils croient en savoir juste assez pour vous expliquer comment faire
Szymanski trouve « déjà irritant qu’une personne sans aucune expérience dans votre domaine émette une supposition farfelue », mais que « c’est bien pire quand quelqu’un croit en savoir juste assez pour vous expliquer comment faire ». Le plus pénible, dit-il, est de voir certains de ces critiques obtenir des milliers de likes sur Reddit. Szymanski s’intéresse en particulier aux joueurs, qui estiment qu’il est simple d’implémenter telle ou telle feature et qui ignore que le problème est plus profond. Même son de cloche du côté de Pocket Pair, le studio derrière Palworld. John Buckley, son directeur de publication de jeu, reconnaît toutefois qu’il y a des gamers qui comprennent des explications quand d’autres s’entêtent dans leur raisonnement.
Les gamers ont le droit de critiquer mais de façon constructive
En dépit de ces recadrages, les studios disent ne pas remettre en cause la légitimité des critiques. Selon eux, c’est assez logique qu’un consommateur exige de la qualité quand il paie un produit. D’ailleurs, relèvent-ils, ce n’est pas obligatoire d’être un réalisateur de films pour critiquer un long-métrage ou un écrivain pour critiquer un roman. Toutefois, les éditeurs estiment qu’il est utile de donner son avis quand cela se fait de façon constructive. Ça permet aux développeurs de revoir leurs copies et d’apporter les retouches nécessaires. Le problème viendrait donc de la véhémence de certains propos et des tacles gratuits ou méchants.