Vendredi 5 novembre, Netflix a proposé 72 milliards de dollars pour le rachat de certaines activités de Warner Bros Discovery. Trois jours plus tard, Paramount Skydance a fait une contre-offre de 108 milliards d’euros pour l’acquisition de l’intégralité du studio hollywoodien. Alors que chacun des candidats avancent ses pions et ses arguments, WBD promet de se prononcer dans une dizaine de jours.
Warner Bros Discovery (WBD) a annoncé, le vendredi 5 décembre, un accord avec Netflix portant sur le rachat de certaines de ses activités pour 72 milliards de dollars (82,7 milliards en valeur d’entreprise). Trois jours plus tard, le lundi 8 décembre, Paramount Skydance contre-attaque en lançant une OPA hostile de 108,4 milliards de dollars pour reprendre l’intégralité du studio hollywoodien.
Paramount peut compter sur le soutien du gendre de Donald Trump pour prendre possession de Warner Bros
Pour ficeler son offre, Paramount Skydance s’est appuyée sur trois fonds souverains arabes et Affinity Partners, la société de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump…La compagnie croit détenir la bonne proposition pour plusieurs raisons. Elle fait d’abord valoir que son rachat est complet et se fera intégralement en numéraire, tandis que celui du rival est partiel et comporte une partie en actions, ce qui constituerait un risque financier. Autre argument, il y aurait un risque de disparition du modèle de Warner Bros. Selon le groupe de télévision et de cinéma, les films du studio pourraient progressivement sortir des salles obscures car le géant du streaming privilégie les lancements sur sa plateforme.
Paramount pointe un risque anticoncurrentiel avec un rapprochement entre Netflix et HBO Max
Par ailleurs, Paramount met en garde contre un rejet de l’offre Netflix en raison des risques de monopole. En effet, le rapprochement entre HBO Max (propriété de WBD) et le géant du streaming réunirait deux des quatre plus grosses plateformes mondiales de vidéo à la demande payante avec Amazon Prime Video et Disney+. Netflix, première plateforme de SVOD, compte 310 millions d’abonnés et HBO Max, quatrième, revendique 128 millions d’abonnés.
« En combinant HBO Max et Netflix, cela conduirait la firme à obtenir 43% de part de marché dans le monde et plus de 30% aux États-Unis », souligne David Ellison, PDG de Paramount et fils du fondateur Larry Ellison. Or, ajoute le dirigeant, avec Paramount+ (70 millions d’utilisateurs payants, devant Apple TV+ et Canal+), on aura un total de 200 millions d’abonnés, ce qui place l’ensemble à la hauteur de Disney+, mais toujours loin derrière Netflix.
Netflix promet de ne pas démanteler le modèle de Warner Bros
De son côté, Netflix se veut serein malgré les arguments de Paramount. « Le mouvement d’aujourd’hui (de Paramount) était totalement attendu. Nous avons un accord (avec Warner Bros). Il est excellent pour nos actionnaires, pour les consommateurs, et pour l’emploi dans l’industrie. Nous sommes extrêmement confiants : nous allons conclure cet accord et aller jusqu’au bout », a déclaré son co-PDG Ted Sarandos lors d’une conférence UBS.
Le patron de la plateforme a promis de préserver les emplois, de maintenir le fonctionnement du studio, et de respecter pleinement les sorties en salles à la manière Warner Bros. « Nous n’avons pas acheté cette entreprise pour détruire sa valeur. Nous nous engageons pleinement à sortir les films [de Warner Bros.] exactement comme ils le font aujourd’hui… », a-t-il rassuré.
C’est l’administration Trump qui aura le dernier mot
Warner Bros a confirmé mardi dans un communiqué avoir reçu la proposition « non sollicitée » de Paramount. La société dit qu’elle « l’examinera avec attention » avec ses conseillers financiers et juridiques, avant d’émettre une recommandation d’ici 10 jours ouvrés. Elle se prononcera plus précisément le vendredi 19 décembre. En attendant, « le conseil d’administration ne modifie pas sa recommandation concernant l’accord avec Netflix », ajoute Warner Bros.
L’industrie attend désormais la réponse du studio hollywoodien. Mais les regards sont davantage tournés vers Donald Trump car c’est son administration qui aura le dernier mot. Si Larry Ellison est proche du président républicain et a financé sa campagne, celui-ci assure ne soutenir aucune offre. Le locataire de la Maison Blanche dit qu’il analysera les positions de marché avant toute prise de position officielle.
