Le jeu phénomène Fortnite ne retournera pas sur l’Apple Store avant l’été 2021, à moins que son éditeur, Epic Games, ne fasse machine arrière dans sa bataille contre Apple, a confirmé vendredi une juge de Californie (Etats Unis).
Apple accusé de pratiques « tyranniques »
Dans l’affaire opposant Epic Games à Apple, une cour de justice a tranché en faveur de la firme de Cupertino en expliquant que le jeu Fortnite n’avait pas de passe-droit pour retrouver sa place au sein de l’App Store. Suivant le principe selon lequel « les blessures infligées à soi-même ne constituent pas des dommages irréparables », la juge Yvonne Gonzalez Rogers a refusé de forcer Apple à réinstaller le jeu de tir et de survie sur ses appareils, comme le demandait l’éditeur.
En août, Epic Games a engagé une bataille contre Apple, dont il juge les pratiques « tyranniques » sur iOS, son système d’exploitation d’appareils mobiles. Il lui reproche de prélever une « taxe » beaucoup trop élevée (30%) sur les transactions des consommateurs réalisées via l’App Store. Apple a indiqué à de nombreuses reprises que cette commission, d’un niveau standard dans l’industrie, sert à assurer le bon fonctionnement de l’App Store et la sécurité des utilisateurs. Mais, l’éditeur a tout de même invité les joueurs à passer directement par son propre système d’achat Direct Epic, afin d’éviter les commissions. Apple a immédiatement banni Fortnite de son magasin, et les utilisateurs d’iPhone et d’iPad ne peuvent plus télécharger le jeu. Ou, s’ils l’ont déjà, ils n’ont plus accès aux mises à jour essentielles à son bon fonctionnement.
Le statu quo jusqu’à l’été prochain au moins
Face à cette décision radicale, Epic Game a déposé une plainte auprès du tribunal du district du nord de Californie. Le plaignant s’est toutefois heurté à la décision de la juge Yvonne Gonzalez Rogers. Selon cette dernière, le retrait du jeu Fortnite est bien légitime et Epic Games était en violation de contrat commercial avec le géant de la tech. « Epic Games n’a jamais expliqué de façon satisfaisante son empressement, autrement que par son mépris pour la situation. L’impasse actuelle est de son fait », assène la magistrate dans sa décision de vendredi, rendue après l’audience de fin septembre. Le statu quo dans le conflit entre les deux groupes devrait donc perdurer jusqu’à l’été prochain, à moins qu’Epic ne réaccepte les termes du contrat initial, la solution « raisonnable », indique-t-elle.
Par ailleurs, Apple avait prévenu Epic Games que le moteur Unreal Engine pourrait lui aussi se voir banni d’iOS si l’éditeur de jeux ne revenait pas sur sa position. Cependant, au regard de l’impact causé par cette décision, la juge Yvonne Gonzalez Rogers a empêché Apple de bloquer totalement le plaignant. La cour justifie qu’Epic Games a été suffisamment convaincant pour démontrer que ses outils de développement étaient devenus indispensables à plusieurs éditeurs de jeux présents sur iOS, parfois en concurrence avec Epic Games lui-même.