Le conflit a vu se développer à une échelle rarement notée dans le passé, l’usage de la vision par ordinateur. Avec de plus grandes craintes des dérives.
Il est encore tôt pour dire quel camp va triompher de l’autre dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais aucune des parties ne ménage l’autre quant aux moyens utilisés. Et un outil semble particulièrement crucial sur le théâtre des opérations actuellement : la reconnaissance faciale.
À l’heure du boom technologique, ce n’est pas tant une surprise que la reconnaissance faciale soit une composante à part entière d’un conflit. Mais son usage dans la crise russo-ukrainienne semble aujourd’hui avoir atteint un niveau rarement vu par le passé, selon le New York Times (NYT) qui y consacre un article, le 7 avril.
Une multitude d’options
De PimEyes à FindClone, sans oublier Clearview certainement la plus importante d’entre elles, plusieurs technologies de reconnaissance faciale sont utilisées par les belligérants, à en croire le journal new-yorkais. Tantôt pour filtrer les entrées dans un camp, tantôt dans le but de se prémunir des espions. En clair, le système reposant sur la reconnaissance d’un individu à partir d’une simple image via une base de données, sert à s’assurer qu’untel est bien celui qu’il prétend.
Clearview gratuitement mis au service de l’Ukraine par son créateur Hoan Ton-That dès mi-mars et traduit dans la langue ukrainienne pour la circonstance, aurait d’ores et déjà été impliqué dans plus de 5 000 recherches, indique le NYT. Nul doute que le logiciel dont la base de données culmine à 20 milliards de visages différents intervient en ce moment à Boutcha, ville du nord-ouest de Kiev, symbole des atrocités de la guerre depuis sa reprise aux forces russes par l’armée ukrainienne.
Boîte de pandore
Mais un tel recours à la reconnaissance faciale ne fait pas l’unanimité. Les défenseurs des droits humains en l’occurrence, s’émeuvent fortement du recours aussi simple d’une technologie aux effets pervers. Car pouvant faire des dégâts collatéraux, dans le rang des civils notamment. Même si les logiciels sont de plus en plus affinés, ils peuvent être sujets à des erreurs. Sans oublier les dérives qu’un outil comme Clearview, interdit d’ailleurs dans plusieurs pays dont la France, le Canada, au Royaume-Uni, l’Australie entre autres, pour son usage sans consentement des images des individus, peut faire naître.
Autant de craintes légitimes dont la prise en compte est très peu probable par les concernés. Le temps étant à la guerre. Une guerre dans laquelle tout est manifestement permis.