Personnalité aussi iconoclaste que controversée du monde des affaires, Xavier Kemlin est un habitué des coups d’éclat médiatiques. Plaintes à répétition contre des personnalités politiques, grève de la faim pour exiger la démission d’un chef d’entreprise, prises de position radicales lors des conseils d’administration des entreprises, l’homme d’affaires est un spécialiste incontestable des buzz médiatiques. Ses proies favorites : l’ancien Président de la République François Hollande et son entourage ou encore certains dirigeants de groupes cotés au CAC 40 ou au SBF 120. Ses armes privilégiées : des plaintes à outrance pour, entre autres, détournement de fonds public ou fraude fiscale. Un combat très largement mené … de Suisse, où il réside depuis de nombreuses années. Après plusieurs années discrètes, Xavier Kemlin reprend du service et vise, cette fois, la direction du Groupe Casino.

Un habitué des coups d’éclat médiatiques et des plaintes à outrance

Xavier Kemlin est un habitué des plaintes à outrance, si possible contre des personnalités extrêmement médiatiques.  Sa cible favorite, durant le précédant quinquennat, fut le Président de la République, François Hollande, qu’il rêvait de destituer par la voie légale. Pour y parvenir, Xavier Kemlin a multiplié les plaintes contre l’entourage féminin de François Hollande jusqu’à épuisement des recours juridiques. Les chefs d’accusation, multiples, visaient de prétendues pratiques financières et fiscales douteuses, jamais prouvées pour autant.

Xavier Kemlin a ciblé, dès 2013, Valérie Trierweiler, dans une plainte avec constitution de partie civile pour trois chefs d’accusation : détournement de fonds public, faux en écriture publique et fraude fiscale. La plainte a finalement été classée sans suite le 11 avril 2013. Puis, après les révélations de Closer sur la relation secrète entre François Hollande et Julie Gayet, une nouvelle plainte aurait été déposée contre l’actrice. Sans suite.

Puis, en janvier 2014, l’entrepreneur s’en est aussi pris à Anne Hidalgo et Ségolène Royal avec deux plaintes pour recel de détournement de fonds public et trafic d’influence. En bref, toutes les femmes qui, à un moment ou un autre de leur vie personnelle, auraient eu une relation intime, prouvée ou supposée, avec François Hollande, ont été visées. Si ces plaintes avaient, de toute évidence, peu de chance d’aboutir à une quelconque condamnation, elles ont permis à Xavier Kemlin d’occuper quelque peu l’espace médiatique.

De son propre aveu, dans un interview au magazine libéral Contrepoints, Xavier Kemlin avouait aspirer à « la destitution de François Hollande » de ses fonctions présidentielles. En janvier 2014, Xavier Kemlin porte finalement plainte contre François Hollande à la gendarmerie de Moutiers pour détournement de fonds public, faux en écriture publique et fraude fiscale. Sans surprise, la plainte n’a, là encore, pas abouti. 

Le combat de Xavier Kemlin contre François Hollande lui a valu une solide sympathie de la droite la plus radicale. Le groupe Hollande Démission, réputé très proche des milieux d’extrême-droite et tenu par le militant anti-mariage gay David van Hemelryck faisait ainsi, en 2013, la promotion de son combat juridique contre l’ancien Président. Il était même présenté, sur la page Facebook du collectif, comme l’homme « qui va (peut-être) abréger le mandat de François Hollande ». De même, le site catholique traditionnaliste Le Salon Beige a, durant l’année 2013, diffusé régulièrement ses actions en justice.

Et parfois, l’entrepreneur s’invite dans des combats juridiques inattendus. En 2011, il avait cité à comparaitre huit joueurs de l’Olympique Lyonnais pour des chants hostiles à l’AS Saint-Etienne, notamment les futurs champions du monde 2018 Samuel Umtiti et Alexandre Lacazettte. En entonnant le bien connu « Emmenez-moi à Geoffrey Guichard, emmenez-moi au pays des bâtards », les joueurs lyonnais auraient manqué de respect à la mémoire du fondateur du Groupe Casino, Geoffroy Guichard, arrière-grand-père de Xavier Kemlin. Ce même Geoffroy Guichard qui a donné son nom au stade des Verts. Nul doute que les joueurs cités à comparaitre ignoraient tout de l’histoire du club et de son mythique stade de football.

Un défenseur -revendiqué- des exilés fiscaux ?

            Xavier Kemlin affirmait en 2013 vouloir faire invalider l’élection présidentielle de François Hollande pour parjure et fraude fiscale, en prétendant que François Hollande et Valérie Trierweiler fraudaient le fisc depuis alors six ans « en toute impunité ».

Si aucune de ces accusations n’a été prouvée, la prise de position de Xavier Kemlin sur cette thématique demeure quelque peu inattendue. Déclaré comme candidat à l’élection présidentielle en 2013, il prétendait défendre, selon l’AGEFI, « les exilés fiscaux ». En effet, Xavier Kemlin est un résident suisse de longue date. En janvier 2013, dans un interview au journal Le Point, il affirmait même « penser à prendre la nationalité suisse », prétendant que le « pouvoir se livre à une véritable chasse aux sorcières vis-à-vis des Français de l’étranger » les plus fortunés.

Une grève de la faim d’une semaine pour faire tomber la direction du Groupe Carrefour

            Autre opération médiatique de taille, une grève de la faim d’une semaine en octobre 2011 devant le siège du Groupe Carrefour à Boulogne-Billancourt. Son action médiatique avait pour objectif de renverser la Conseil d’Administration et, notamment, le PDG du groupe de l’époque, Lars Oloffson. En 2005, alors que Carrefour avait pris le contrôle de son franchisé lyonnais Hyperlo, il s’était autoproclamé chef de file des petits actionnaires. Une mobilisation finalement très personnelle, Xavier Kemlin s’étant estimé floué d’une vingtaine de millions d’euros lors de la prise de contrôle du franchisé lyonnais par le géant de la grande distribution. Un nouvel échec médiatique pour Xavier Kemlin. En effet, Lars Oloffson ne quittera le groupe Carrefour qu’en juin 2012.

            Le conseil d’administration du Groupe Carrefour ne fut cependant qu’une proie parmi d’autres grandes entreprises. Contre la Société Générale, Xavier Kemlin s’était porté partie civile aux côtés de Jérôme Kerviel. Il avait contesté, en 2009, devant le tribunal administratif, le rapprochement entre Thalès et Dassault. Puis, en 2010, il avait déposé un recours au Conseil d’Etat contre la décision de l’AMF dans le dossier EADS.

Le Groupe Casino : dernière lubie de Xavier Kemlin ?

Après Carrefour, c’est contre le Groupe Casino que Xavier Kemlin s’est tourné. A la tête d’Action Casino, association aspirant à rassembler des investisseurs et actionnaires de long-terme de la société Casino Guichard-Perrachon et avec Pierre-Henri Leroy de l’agence Proxinvest, Xavier Kemlin a réclamé en septembre dernier le placement en redressement judiciaire de Rallye, maison-mère de Casino. Mais cette nouvelle prise de position très offensive contre un conseil d’administration en place a tout de même suscité quelques interrogations rapportées par le magazine Capital. Lancée en septembre dernier, cette action coïncidait pourtant avec le plan de désendettement de Casino, fondé notamment sur la vente de plusieurs supermarchés et la cession probable de Leader Price à Aldi. Une stratégie de cession d’actifs alors saluée par les marchés. Le Groupe Casino poursuivait en effet une tendance haussière en bourse, le cours de l’action s’étant même envolé de 55 % en trois mois après les différentes annonces du distributeur. Un combat d’autant plus surprenant qu’il avait prétendu, en 1999, vouloir définitivement « (tourner) la page de Casino ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *